Le défi politique de l’anti racisme - Congrès PCF

L’émancipation par l’égalité réelle et la dignité, contre toutes les formes de domination

Le projet communiste aspire à abolir toutes les dominations. En effet, la domination prend des formes multiples, toutes fondées sur les mêmes mécanismes : elles présupposent des fondements naturels donc inéluctables, alors qu’elles reposent sur des constructions sociales, donc possiblement déconstruites et éradiquées. Les communistes, dans leur organisation et dans les espaces qu’ils investissent, ont trop souvent occulté que les classes sociales étaient traversées par des rapports sociaux hiérarchisant, et que la domination pouvait prendre différentes formes (liées à la prétendue « race », au genre, à l’orientation sexuelle, à l’âge…). Cela a pu conduire à une invisibilisation des revendications d’égalité de groupes dominés au sein des classes populaires (les personnes racisées, les femmes…) car le racisme était considéré uniquement comme une obstruction à la lutte des classes, et non pas comme un rapport social de domination en tant que tel. Cela a contribué à notre éloignement des classes populaires qui ne se sont pas – dans leur ensemble – retrouvées dans nos propositions. Or, la violence des discriminations, du racisme et du sexisme ordinaires, mais également de leur caractère structurel, les fractures et les divisions qu’ils provoquent, ne peuvent être relégués au second plan. Nous avons besoin de recréer l’unité de classe par la prise en compte de toutes les oppressions subies, sans les hiérarchiser. La puissance dominante utilise son idéologie pour légitimer les rapports domination et justifier les oppressions et les privilèges qui en découlent. Aujourd’hui, certains concepts qui se veulent pourtant émancipateurs dans leurs fondements, sont fourvoyés pour en faire une arme de domination. C’est le cas d’une conception falsifiée de la laïcité, une laïcité excluante, prônée par l’extrême droite, la droite, mais aussi par beaucoup à gauche. La parole de celles et ceux que se lèvent contre cette idéologie dominante par la dénonciation des violences qu’ils subissent est bien souvent ignorée ou disqualifiée. Quelle place pour la parole de celles et ceux qui font l’expérience de l’oppression, des discriminations, dans la lutte pour l’égalité et la dignité, et au sein des forces nouvelles que nous voulons construire ? Afin d’être à la hauteur de ces enjeux et des réalités sociétales, notre combat antiraciste et féministe ne peut reposer uniquement sur l’idée d’égalité des droits mais doit viser l’égalité réelle. Cela nous invite à actualiser nos analyses des luttes antiracistes, féministes et de classes, à les concevoir dans leur ensemble et à repenser les moyens de l’émancipation. Ainsi, nous nous devons de concevoir l’émancipation comme le chemin pour abolir de la puissance du dominant par le développement du pouvoir d’agir du dominé.